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 Slovénie :manifestations monstres

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odessa
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   Posté le 24-12-2005 à 16:01:40   Voir le profil de odessa (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à odessa   

Réformes sociales et manifestations monstres en Slovénie

Vreme, 1 décembre 2005

Les protestations contre les réformes du gouvernement de Janez Jansa ont battu tous les records à l’occasion des manifestations les plus importantes depuis l’indépendance. Contre la hausse de la TVA et les coupes dans les dépenses sociales de l’Etat slovène, tous les syndicats se sont unis pour manifester. Le gouvernement de Janez Jansa semble de plus en plus fragilisé.

Par Svetlana Vasovic-Mekina

Samedi dernier le centre de Ljubljana, malgré une tempête de neige inhabituelle, fut le théâtre de la plus grande manifestation de syndicats de l’histoire de la Slovénie. Plus de 40 000 manifestants vêtus de capes aux couleurs des différents syndicats, nantis de banderoles, de drapeaux rouges, et des incontournables sifflets et tambours, ont conquis la capitale en bloquant entièrement la circulation. La Place des Congrès ne se souvient pas d’avoir accueilli une telle masse de gens depuis 1989, lors des manifestations contre le « procès des quatre ». Janez Jansa était alors l’un des « quatre », c’est-à-dire « la victime de la procédure judiciaire de JNA (l’Armée nationale de Yougoslavie). Seize ans plus tard, au même endroit, Janez Jansa actuellement premier ministre, devient la cible d’injures, de huées et de slogans. Des manifestations semblables avaient été cauchemardesques pour les autorités yougoslaves à la fin des années 1980. Quinze ans plus tard, la Slovénie, à force de privatisations, en dépit de gros problèmes causés par la disparition du marché yougoslave, a réussi à se restructurer et à surmonter aisément toutes les secousses.

Cependant la paix sociale a un prix : les économistes locaux ont calculés que les salaires étaient trop élevés pour pouvoir attirer des investisseurs plus importants, que la législation réglementant la fondation de nouvelles sociétés était toujours très compliquée et que, de plus, de nombreuses entreprises ne sont pas compétitives sur le marché européen. Elles vivotent d’aides de l’Etat.

Promesses en l’air

Les nouvelles autorités, menées par Janez Jansa, ont décidé de mettre un terme à cette situation. Après la prise de contrôle de la radio-télévision nationale, après avoir attaqué le plus grand groupe médiatique ‘Delo’ à l’aide de transactions financières par l’intermédiaire de capitalistes alliés (KD Group et Istrabenz), le gouvernement s’est senti suffisamment puissant, avec le soutien d’un groupe d’économistes néolibéraux, pour proposer nombres de réformes, dont une augmentation de la TVA à 20% . Les conseillers de Jansa ont estimé que la Slovénie devait prendre modèle sur la Slovaquie qui, il y a quelques années, a introduit un taux fiscal unique. Les organisations syndicales, les étudiants et les retraités (organisés en Slovénie en parti puissant qui participe quasiment à tous les gouvernements), ont vite compris d’où venait le danger car le taux fiscal unique signifiait l’augmentation des denrées alimentaires, des médicaments et des produits de base. Actuellement la TVA est de 8%, et tout le monde sait qui pâtira de l’augmentation de 12%.

Personne n’a cru aux garanties du cabinet de Jansa qui précisait que la différence serait couverte à l’aide de divers « transferts sociaux ». Les économistes de la vieille garde ont relayé les craintes des masses ouvrières en confirmant qu’un tel système apporterait des privilèges supplémentaires et enrichiraient encore plus les capitalistes tandis que le fardeau des réformes et les plus grandes pertes seraient subies par une classe ouvrière déjà appauvrie.

Si l’on en croit les éditorialistes locaux, la première visite de Janez Jansa dans les pays baltes aurait été pour lui une véritable révélation. A la différence de la Slovénie, l’Estonie enregistre un taux de croissance élevé et sa réussite est due au fait que la procédure d’enregistrement des nouvelles entreprises est extrêmement simple, ce qui a attiré de nombreux investissements étrangers. L’une des sociétés récemment fondée en Estonie, Skajp, fait un véritable boom en offrant les services téléphoniques par Internet à des prix très faibles. Lorsqu’il a appris l’exemple de Skajp, le premier ministre du gouvernement slovène a conclu que ce « sont uniquement les experts » et personne d’autre qui pouvaient comprendre les lois fiscales slovènes. Mais il n’a en revanche pas mentionné la lenteur des services publics ni le poids de l’énorme bureaucratie qui est « devenue célèbre » parmi les investisseurs étrangers. En Slovénie le remboursement de la TVA dure de mars à novembre, soit 6 mois, alors qu’en Estonie elle ne dure que cinq jours. L’Estonie a introduit un taux fiscal unique de 26% depuis 1994. Cependant, selon les syndicats slovènes, l’Estonie enregistre un taux de croissance négatif du produit national brut.

Les experts conviennent que les réformes sont nécessaires à la Slovénie mais ne sont pas d’accord avec les conclusions du Conseil gouvernemental sur l’orientation et sur la manière de les exécuter. Les premières analyses montrent que le prix des réformes, si elles « passent » et deviennent une partie de la législation, sera payé par les couches les plus pauvres de la société. C’est pourquoi les syndicats se sont unis ; en premier lieu le syndicat de la police, dont les représentants ont manifesté aux premiers rangs, vêtus de capes jaunes, au nom du « maintien d’un état social ». De l’autre côté se trouvaient leurs collègues en service. On a pu remarquer quelques scènes de violence entre les policiers en uniforme et de jeunes manifestants. Certains ont été interpellés par la police.

Les syndicalistes, en concurrence et souvent divisés, ont été contraints à s’unir. Le résultat fut imposant : les manifestations ont été très bien organisées et bien couvertes par les médias. Pendant des jours avant les manifestations, toutes les villes étaient recouvertes d’affiches avec la question « Où les réformes gouvernementales nous mènent-elles ? » Avec comme illustration le symbole homo erectus qui, d’une position verticale, se penche de plus en plus jusqu’à avoir l’échine complètement courbée. Les poches vides ne permettaient d’avoir aucun doute du message. C’est pourquoi les slogans les plus fréquents étaient « Nous ne permettrons pas qu’ils nous vident les poches ! », ou « nous ne permettrons pas qu’ils nous cassent le cou ! ». Les sondages ont montré que 83% des citoyens interrogés ont donné leur soutien aux syndicats qui se sont opposés à la réduction des droits sociaux, tandis que 17% à peine ont soutenu les réformes, ce qui est la plus grande chute de popularité du nouveau gouvernement depuis sa formation il y a un an.

Les sombres calculs des syndicalistes ne peuvent rien contre les réformateurs de Jansa. Si les réformes passent, l’ouvrier qui gagne actuellement 400 euros par mois en recevra 6 de moins, ce qui n’est pas en soi n’est pas une tragédie... jusqu’au moment ou il devra effectuer ses achats courants. Les dépenses d’alimentation devraient par exemple être augmentées de plus de dix pour cent. Par ailleurs, les directeurs qui gagnent 8 à 10 000 euros mettront dans leurs poches plus de 500 euros par mois. Les retraités ont calculé qu’en cas d’augmentation de la TVA, il faudrait augmenter les pensions d’au moins 40 %.

Mais il y a aussi des critiques sur le compte du « modèle estonien » qu’il faudrait appliquer à l’économie slovène. Des économistes renommés, tels que le récent doyen de l’Université de Ljubljana, Joze Mencinger, estiment que la crainte et les exigences des syndicalistes sont justifiées.

Que ce soit par hasard ou non, le gouvernement de Janez Jansa, en plein conflit et au centre d’une intense campagne de protestation médiatique -et immédiatement après le limogeage du populaire président du Conseil d’administration de Merkator, Zoran Jankovic- a essuyé la plus grande baisse de sa cote de popularité. Selon les sondages de l’agence Ninamedija, en décembre dernier le gouvernement de Jansa avait le soutien de 69,2% des sondés, alors que le mois dernier il était en dessous de 50%.
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