odessa | Membre | 151 messages postés |
| Posté le 24-12-2005 à 12:03:13
| UCAD - Après une longue journée de grève : Les étudiants passent à la caisse En cette fin d’après-midi du vendredi, le campus social de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad) garde son animation et son effervescence habituelles. Les étudiants vaquent, tranquillement, à leurs occupations. Comme, à l’image de Souleymane Lamine Diaboula, étudiant en licence au département d’anglais. Sourire aux lèvres, visage dégoulinant de sueur, il tente de se frayer difficilement un chemin au milieu d’une masse humaine. Il sort et tient entre ses mains une liasse de plusieurs billets de cinq mille francs. Après un long décompte, il lance heureux comme un môme : «Enfin, je peux partir, tranquillement, en fête et préparer le nouvel an avec sérénité». Et, pourtant, la journée a été très chaude, hier, à l’Ucad. En effet, dès les premières heures de la matinée, les étudiants ont investi l’avenue Cheikh Anta Diop pour exiger le paiement de leurs allocations d’études en brûlant des pneus et en érigeant des barrages pour bloquer la circulation «pour faire entendre nos voix et réclamer nos droits», lancent-t-ils. Et, les éléments du Groupement mobile d’intervention (Gmi) de rappliquer dare-dare sur les lieux pour rétablir l’ordre. L’Intifada pouvait, alors, commencer. Chacun avec ses moyens tentait de neutraliser l’adversaire. Les étudiants armés de pierres résistaient, difficilement, aux gaz lacrymogènes largués par leurs ennemis du jour : les Gmi. La journée sera, ainsi, rythmée jusqu’à la signature de l’armistice, vers les coups de 17h, avec l’annonce de la disponibilité de l’argent. «Camarades, je viens vous annoncer que les bourses sont disponibles au niveau des différents guichets de paiement. Vous pouvez percevoir dès aujourd’hui si vous le désirez», annonce Ibrahima Diouf, étudiant en deuxième année de Sciences économiques. Une annonce qui a provoqué une joie immense du côté des grévistes qui abandonnent les pierres pour s’armer de leurs différentes pièces administratives avant d’occuper les différents points de paiement. «On a obtenu gain de cause. Il faut toujours qu’on descende dans la rue pour que les autorités règlent nos problèmes», peste encore M. Diouf. Dans le même ordre d’idées, son camarade de Faculté soutient, sur un ton caustique : «Dans ce pays, il ne faut pas demander mais exiger ce qui te revient de droit.» «Nous avons besoin de cet argent. Certains d’entre nous doivent acheter les œuvres au programme, alors que d’autres dépendent de cette bourse pour survivre. Car, ils vivent dans l’indigence» , tente-il d’expliquer. Une explication qui ne convainc pas tous les étudiants. Ainsi, de l’avis de certains d’entre eux, ce mouvement d’humeur est, tout simplement, lié aux fêtes de Noël, car la plupart des étudiants sont originaires des régions. Ce qui offusque Fatou Diop de la Faculté de médcine qui peste : «C’est de la délinquance estudiantine. Certains comportements ne se justifient pas et sont indignes des intellectuels.» «Dans quel pays, au monde, les salaires sont-ils payés le 23 du mois ? Même les fonctionnaires n’ont pas cet avantage», s’exclame cette jeune fille aux cheveux poivre-sel. Ce qui constitue, comme le pense Ibrahima Diop, une banalisation de la grève à l’Ucad. «Pour un rien, les étudiants occupent la rue et les autorités se plient aux exigences mesquines de certains étudiants.» Malgré ces griefs, les étudiants continuent, tranquillement, à percevoir leurs bourses. Mais, la tension reste encore vive, car l’université est sous forte surveillance policière. La présence des éléments du Gmi devant le portail du campus universitaire est perçue par les étudiants comme de la provocation. «La bataille est terminée. Qu’est-ce qu’ils font encore ici ? Nous sommes prêts à retourner dans la rue pour reprendre la guerre», menace M. Diouf. Bocar SAKHO Le Quotidien, 24/12/2005 |
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