odessa | Membre | 151 messages postés |
| Posté le 27-12-2005 à 14:20:19
| EPIDEMIE DE CONFLITS SOCIAUX EN DECEMBRE (Le Progrès, édition du Rhône, 26 décembre 2005) Dans le Rhône, au moins une dizaines de grèves recensées, parfois très longues. Plusieurs syndicats constatent un réveil des salariés. «Il y a moins de fatalisme» Sûr que ça va jaser dans les dîners mondains, de « Courche » à Megève. Cet hiver, il y aura comme un os dans la dinde (truffée) de Noël : même en prenant des vacances et de l'altitude, certains patrons vont avoir du mal à oublier un mois agité, où ils se seront fait sacrément voler dans les plumes. Sur les trois premières semaines de décembre, nous avons recensé pas moins de onze mouvements de grève dans le Rhône, principalement dans le privé et le plus souvent à l'appel de la CGT, suivie de la CFDT et de FO. Soit une moyenne de quatre conflits par semaine. A chaque fois - et à de rares exceptions près - pour réclamer des hausses de salaires, des embauches ou de meilleures conditions de travail. Prêts pour l'inventaire ? Alors respirez un bon coup et allons-y. Cinq jours de grève dans trois filiales du groupe de BTP Eiffage à Lyon. Sept jours consécutifs d'arrêts de travail dans la filiale chimie de Total, Arkema, à Saint-Fons et Pierre-Bénite. Et des conflits plus brefs en pagaille chez Rhodia (deux jours), Cegid SA (un jour), CSSi Bron (un jour), mais aussi à l'Institut national des appellations d'origine de Villefranche (un jour), au dépôt Nestlé de Meyzieu (un jour), à l'Office du tourisme de Lyon (un jour symbolique), sans oublier Securitas (deux jours distincts, à Caluire et à Feyzin), « Lyon Capitale » (conflit en cours) et le Conseil général du Rhône (débrayages au choix pendant une semaine). La liste est sans doute incomplète - les unions départementales contactées n'ont pas été en mesure de nous fournir une comptabilité précise - mais une chose est sûre : il y a longtemps que les responsables syndicaux n'avaient pas vu ça. Le fait que les négociations annuelles obligatoires sur les salaires tombent à cette période de l'année n'explique pas tout. « Il y a moins de fatalisme chez les gens » remarque Pierre Coquan, secrétaire général de la CGT du Rhône qui parle d'une « recrudescence d'actions de grève depuis septembre en partie liée à une surcharge de travail ». Même constat de Philippe Pihet, secrétaire général de Force ouvrière. « Nous sommes de plus en plus sollicités et c'est une surprise. Les salariés se réapproprient les enjeux au niveau de leur entreprise. La peur des délocalisations est en train de s'estomper. Un degré tel de flexibilité a été atteint qu'on est proche de la rupture ». Une nouvelle génération de syndicalistes Chez Arkema, Christian Albanese (CGT) observe, plus profondément, la montée en puissance d'une nouvelle génération de jeunes délégués syndicaux, dynamiques. « Arrivés il y a cinq ans, ils sont désormais opérationnels et commencent à s'apercevoir qu'on les faisait courir derrière des carottes ». En octobre, le conflit durable et « victorieux » au centre d'appels Teleperformance Rhône-Alpes de Lyon avait d'ailleurs été « drivé » par une toute jeune syndicaliste. Dans une majorité des cas, les grèves, relativement bien suivies, ont permis de satisfaire les revendications. Un effet de contagion n'est donc pas à exclure, même si les responsables syndicaux restent prudents. Feu de paille ? Dégel de la mobilisation - ou changement dans sa nature même ? Réponse partielle fin janvier. Une journée d'action interprofessionnelle sera alors organisée dans le Rhône, comme ailleurs en France. Nul doute que les patrons y prêteront beaucoup d'attention Nicolas Ballet |
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