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 Grève du métro à New York

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odessa
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   Posté le 24-12-2005 à 11:52:20   Voir le profil de odessa (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à odessa   

La grève a pris une dimension nationale et antiraciste

En dépit de son refus de négocier, la direction des transports new-yorkais a accepté hier soir de se remettre autour d’une table avec le syndicat.

La grève du métro de New York tient. En dépit de l’énorme pression du gouverneur, de Wall Street, les « pickets » sont toujours en place devant les stations, et personne n’a tenté de les franchir. Aucune rame ne circulait jeudi matin, sauf quelques trains conduits par des cadres, selon le site du syndicat (1). Les grévistes sont soutenus maintenant par l’ensemble des grandes centrales syndicales. La direction et le TWU (syndicat des travailleurs des transports Local 100 de New York) ont repris, tôt dans la matinée, les négociations dans le grand hôtel de Manhattan où elles avaient échoué lundi dernier, moyennant, selon les médiateurs dépêchés pour débloquer le conflit, un engagement du syndicat « à prendre par la suite des mesures pour reprendre le travail ».

En ce troisième jour de grève, le conflit avait pris une nouvelle dimension après la mise en demeure du maire, Bloomberg, qui avait traité, mercredi soir, les dirigeants syndicaux de « voyous » et « de personnes avides ». Venant d’un financier archi-milliardaire, le propos n’avait pas manqué de créer un choc. D’autant que sa déclaration faisait suite au titre de la une du New York Post : « You Rats » qu’on peut traduire par « vous salauds ». Des injures tirées de la panoplie raciste banale, destinées à une corporation dont 70 % des membres sont noirs, hispaniques ou asiatiques. Elles visaient directement le président du syndicat new-yorkais, Roger Toussaint, citoyen américain immigré de Trinidad. Celui-ci a répondu au financier : « Vous faites honte à New York... vous dites que nous sommes irresponsables, et c’est vous qui avez réduit les crédits pour les transports publics. »

Les propos racistes ont provoqué une réaction immédiate allant bien au-delà du syndicat TWU. Le pasteur Al Sharpton, personnalité politique célèbre de la ville, a répliqué : « Comment sommes-nous devenus des voyous ? Parce que nous sommes en grèves pour nos retraites ? » Votre langage, a-t-il dit au maire, en rappelant qu’il avait été un compagnon du pasteur Martin Luther King, « offense les gens de couleur ». Au combat pour des conditions de vie décente contre l’offensive générale pour l’abaissement des salaires aux États-Unis, est venue s’ajouter, en toute logique, la lutte antiraciste.

Le soutien des deux grands mouvements syndicaux nationaux a mis fin aux velléités de diviser et d’isoler les grévistes d’une population qui prend plutôt la situation avec calme. Le covoiturage est organisé sur Internet et dans les journaux. Des membres du syndicat des enseignants et d’autres syndicats de l’AFL-CIO offrent le café à ceux qui traversent les ponts par moins 5 degrés et collectent de l’argent pour aider les grévistes qui ne reçoivent plus de salaire. Le président de l’AFL-CIO, John Sweeney, a souligné que ceux-ci menaient « un combat courageux pour les générations futures ». De son côté, Anna Burger, la présidente de Change to Win, l’autre centrale réunissant plusieurs syndicats, a assuré les grévistes du plein appui de ses six millions d’adhérents. « L’avenir du rêve américain est en jeu », conclut son message.

(1) Les informations sont

à suivre en ligne sur le site

du syndicat : www.twulocal100.org

Jacques Coubard

L'Humanité, 23 décembre 2005
odessa
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   Posté le 24-12-2005 à 12:33:23   Voir le profil de odessa (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à odessa   

La grève des salarié·e·s du métro de New-York

Charles-André Udry

Les Etats-Unis – avec la Suisse – sont parmi les pays capitalistes développés où la division en classes sociale et l'affrontement entre elles sont certainement le plus niés. Or, un simple examen du conflit social et de la grève des 34'000 salarié·e·s du métro de la ville de New York, qui a duré trois jours et a démarré le 20 décembre, fait surgir la profondeur de la bipolarisation entre classes aux Etats-Unis. Certes, elle ne trouve pas d'expression politique d'ampleur et est euphémisée au maximum par la pratique des appareils syndicaux.

Dès le début de la grève, dans le principal centre mondial de la finance impérialiste, l'offensive des représentants de la classe dominante a pris une vigueur toute particulière. Le maire de New York, Michael Bloomberg, symbolise à lui seul Wall Street. Il déclare une modeste fortune de 5 milliards de dollars avec laquelle, en quelque sorte, il a acheté sa place de maire: le coût de sa dernière campagne électorale s'élevait à 70 millions de dollars. Dès le premier jour, devant les caméras, il dénonçait les travailleurs et travailleuses du métro comme égoïstes, ayant "une attitude honteuse", etc. Rupert Murdoch, l'empereur mondialisé des médias, mettait au service de la campagne contre les grévistes le "populaire" New York Post et la chaîne de télévision Fox News. Le richissime propriétaire du tabloïd Daily News, Mortimer Zuckerman, ne se gênait pas pour que sa feuille titre en éditorial: "Jetez Roger [Toussaint] du train!", c'est-à-dire le président de la section syndicale 100 du Transport Workers Union (TWU) qui organise les travailleurs du métro et ceux des bus. La société contrôlant le métro, la Metropolitan Transportation Authority (MTA), nommait le spéculateur immobilier Peter Kalikov comme responsable de la négociation avec les salarié·e·s.

Le conflit portait sur les salaires et sur les "bénéfices" qui y sont (encore mais de moins en moins) attachés aux Etats-Unis – c'est-à-dire l'assurance maladie et la retraite. Les travailleurs du métro vivent dans une des villes les plus chères au monde et leur salaire leur permet simplement de faire face aux besoins élémentaires. Ce qui n'a pas empêché les médias d'utiliser les deux formules, dorénavant traditionnelles: les "privilégiés du métro" et les "preneurs d'otages" des usagers. La société MTA et l'administration municipale de Bloomberg ont immédiatement fait appel à la loi anti-ouvrière en vigueur dans l'Etat de New York, la loi Taylor. Il en résultait la possibilité d'infliger des amendes à chaque travailleur équivalant à deux jours de salaire pour un jour de grève et de participation au piquet de grève. A cela s'ajoutait une amende d'un million de dollars par jour contre la section syndicale 100 de TWU. La ville engageait de plus des actions "légales" contre chaque travailleur avec des amendes fixées à hauteur de 25'000 dollars. Les menaces étaient encore plus précises, puisqu'elles prenaient la forme de licenciement, contre tout travailleur qui aurait participé à la dernière grève, en 1980, et qui rejoindrait celle-ci. On a là un concentré d'une volonté de classe de briser toute mobilisation et action directe des travailleurs, et cela dans la ville où, après le 11 septembre, "l'unité nationale", "l'unité patriotique" – mise à profit tous les jours par Bush pour sa politique en Irak et par les grandes firmes pour une extraction "consensuelle" de la plus-value – a pris un nouvel essor.

Les images données par les chaînes de télévision des piquets de grève permettaient de saisir la composition multiraciale du salariat de la métropole impérialiste. Des éléments de solidarité ressortaient. En outre, la grève de 1980, qui avait duré 11 jours, réapparaissait comme un point de référence historique. En effet, c'est après cette grève que l'administration Reagan lança la campagne antisyndicale dans tout le secteur industriel et licencia 11'000 contrôleurs aériens organisés dans le syndicat Patco, en utilisant, pour ce faire, les services de l'armée.

La réaction de Bloomberg et de ses partenaires, en ce mois de décembre 2005, traduit bien la nature de la coalition démocrate et républicaine face aux travailleurs. Elle s'inscrit aussi dans le contexte de la vague d'attaques contre les salarié·e·s de l'automobile, que ce soit chez Delphi, General Motors ou Ford. Hillary Clinton, sénatrice de l'Etat de New York, a affirmé son soutien à la loi Taylor, tout en se proposant comme médiatrice pour résoudre le conflit.

Les transports urbains new-yorkais sont un élément vital du fonctionnement de la place financière. Après l'assainissement financier brutal de la ville de New York mené par le financier démocrate Felix Rohatyn – qui fut un ambassadeur à la mode et admiré de Clinton à Paris et qui prête sa plume au prestigieux New York Review of Books – le système de transports new-yorkais dépend largement d'investissements provenant de l'émission d'obligations dont le taux d'intérêt doit être attractif. Pour cette raison, les coûts salariaux des 34'000 employés de MTA doivent être soumis au diktat du rendement obligataire.

A la différence des contrôleurs aériens de 1981, il est impossible de remplacer rapidement les 34'000 travailleurs conduisant les bus et le métro par des "jaunes".

Cela explique la vigueur avec laquelle les grévistes ont été attaqués et l'importance donnée à la dimension "illégale" de la grève, cela au moment où démocrates et certains républicains dénonçaient les écoutes téléphoniques décidées par la clique présidentielle de Bush comme portant atteinte aux éléments de base du droit constitutionnel américain. Le Wall Street Journal non seulement attaquait les grévistes mais, avec sa tactique traditionnelle, soulignait le manque de fermeté de Bloomberg et du gouverneur de l'Etat de New York, George Pataki. Ces derniers auraient fait trop de concessions salariales en acceptant des salaires à hauteur de 50'000 dollars par année. Ce qui, selon le quotidien de Wall Street, servirait d'exemple négatif pour tous les salarié·e·s dépendant de sociétés municipales. Autrement dit, on assistait dès le début de cette grève un renforcement de la vague antisyndicale et anti-ouvrière.

La société MTA, dans un premier temps, voulait augmenter l'âge donnant droit à la retraite. Ce dernier est fixé à 62 ans. Toutes les enquêtes aux Etats-Unis – et en Europe – démontrent que les travailleurs et travailleuses des transports, soumis à une pression et à un stress permanents, ont une espérance de vie réduite. Devant la résistance des salarié·e·s, la société MTA avait modifié sa tactique et proposait un accroissement de 6% de la contribution des salarié·e·s à leur plan de retraite. Le conflit du métro et des bus new-yorkais s'inscrit donc dans la mise en question, de plus en plus généralisée, pour des secteurs anciennement relativement bien assurés, de leurs dits avantages sociaux. C'est aussi cet enjeu qui explique l'importance de l'affrontement et de la grève des transports publics à New York.

Il est difficile, à cette date, de faire un bilan de cette grève qui s'est brutalement arrêtée. Les travailleurs sont contraints de retourner au travail sans contrat et sans que soit clarifiée leur situation face aux mesures légales de rétorsion. Dans sa conférence de presse, George Pataki a souligné: "Personne n'est au-dessus de la loi. Vous brisez la loi dès lors les conséquences sont réelles." Ce genre d'arrogance indique le profil qu'affirme Pataki, l'un des candidats républicains possibles pour la présidence en 2008.

La direction nationale du syndicat n'est pas particulièrement connue pour sa combativité. Le président du TWU, Michael O'Brien, gagne officiellement 220'000 dollars par année et est certainement prêt à écouter les "arguments" fournis par MTA, Bloomberg, Pataki et consorts. Cela d'autant plus lorsque l'appareil syndical est touché là où cela fait mal: ses finances. Raison pour laquelle, dans sa conférence de presse, Pataki a souligné que les amendes d'un million ne pourraient pas être levées si facilement. Enfin, les relations privilégiées entre le TWU et le Parti démocrate n'ont certainement pas facilité la conduite d'une grève aussi difficile et si brutalement attaquée.

Ce qui se passe aux Etats-Unis devrait susciter une réflexion sur la période dans laquelle les salarié·e·s des pays capitalistes avancés et leurs organisations se trouvent. La vigueur de l'attaque du Capital est partie intégrante de la réorganisation mondialisée du Capital, placée sous le diktat d’un capital financier transnationalisé et de ses exigences de rentabilité, donc d’extraction brutale de la plus-value. – 23 décembre 2005



A l'encontre (site suisse)

http://www.alencontre.org/page/USA/USAMetroNY12_05.htm
odessa
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Fin de la grève dans les transports new-yorkais

REUTERS | 22.12.05 | 22:52


par Chris Reese et Claudia Parsons
NEW YORK (Reuters) - Les salariés des transports en commun new-yorkais ont mis fin jeudi à la grève qui paralysait depuis trois jours la plus peuplée des villes américaines.
"Ils vont reprendre immédiatement", a assuré à la presse Roger Toussaint, chef de file du syndicat Transport Workers Union Local 100 après l'adoption, par 36 voix contre cinq et deux abstentions, d'une motion de reprise du travail présentée au bureau exécutif du syndicat.
Les représentants des grévistes s'étaient auparavant entendus avec la Metropolitan Transportation Authority (MTA) pour renouer le dialogue sur les salaires, les retraites et les prestations sociales, dont la rupture avait déclenché le mouvement.
Vingt-six lignes de métro et de nombreuses lignes de bus vont ainsi être rouvertes sous peu, a précisé un représentant du syndicat, selon lequel le retour à la normale sur l'ensemble du réseau prendra dix à 18 heures.
Quelque 34.000 adhérents du syndicat des transports new-yorkais avaient cessé le travail mardi, après la rupture des négociations. Sept millions d'usagers empruntent quotidiennement les transports en commun de la ville.
AMENDE D'UN MILLION DE DOLLARS PAR JOUR
La municipalité a évalué à près d'un milliard de dollars le coût de la grève, qui paralysait la métropole à quelques jours des fêtes.
"Il reste beaucoup de temps pour faire des achats", a souligné le maire Michael Bloomberg, se félicitant de la reprise du travail à trois jours de Noël.
Le médiateur Richard Curreri, responsable de la conciliation dans les services publics de l'Etat de New York, a estimé que la question des retraites restait un sujet délicat entre le syndicat et la MTA.
"Il est clair à nos yeux que les deux parties ont un véritable désir de venir à bout de leurs divergences", a-t-il toutefois ajouté, précisant que les prochaines négociations se dérouleraient à huis clos.
La grève est interdite dans le secteur public de l'Etat de New York et le TWU Local 100 a été condamné à verser une amende d'un million de dollars par jour d'arrêt de travail. Les salariés perdaient quant à eux deux journées de salaire pour chaque jour de grève.
Le mouvement suscitait l'hostilité de 55% des New-Yorkais, alors que 38% l'approuvaient, selon un sondage WNBC-Marrist publié mercredi.
Les marchés financiers ont pour leur part salué l'annonce de la reprise du travail par une hausse sensible.
odessa
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   Posté le 24-12-2005 à 13:07:52   Voir le profil de odessa (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à odessa   

La grève des transports publics de New York : un nouveau stade de la lutte des classes

Par la rédaction du World Socialist Web Site et le Parti de l'égalité socialiste (USA)
Le 21 décembre 2005

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Le World Socialist Web Site salue les 34 000 travailleurs des transports publics de la ville de New York dont le courage, face à des menaces draconiennes, est, pour la classe ouvrière de tous les Etats-Unis et du monde en fait, un exemple de détermination et de solidarité et une inspiration. La grève des transports publics est un événement d'importance internationale. Bravant des amendes énormes et même la menace de la prison, cette grève est un défi direct lancé à l'élite ultra-riche de Wall Street qui a l'habitude d'imposer ses intérêts économiques et sa volonté non seulement à New York mais au monde.

Il n'y a pas de pays au monde où on nie avec autant de véhémence l'existence des classes sociales (sans même parler de la lutte des classes) qu'aux Etats-Unis. Mais dans aucun autre pays la division entre les classes n'est aussi profonde. Et nulle part la guerre de classe n'est pratiquée de façon aussi haineuse que par la classe dirigeante américaine aux Etats-Unis. Moins de 24 heures de cette grève des transports ont suffi pour dévoiler aux yeux du monde entier la brutale réalité de la société américaine.

Cette grève illustre les divisions de classes irréconciliables de la société américaine, société dans laquelle une oligarchie financière corrompue et réactionnaire se sert des méthodes les plus brutales afin de briser toute résistance à sa boulimie de profits et d'enrichissement personnel. Il suffit de regarder les personnalités qui mènent l'assaut contre les travailleurs des transports publics pour se faire une idée des véritables questions sociales en jeu dans ce conflit.

Tout d'abord il y a le maire de New York, Michael Bloomberg, qui a déboursé avec prodigalité une partie de sa vaste fortune personnelle, estimée à plus de cinq milliards de dollars, pour s'acheter la mairie de New York. Il eut le culot de se mettre devant les caméras de télévision et d'y accuser les travailleurs des bus et du métro d'être des « égoïstes », des « voyous », d'agir de façon « ignoble» et de se comporter « honteusement ».

Ensuite, il y a le roi de l'immobilier, Peter Kalikow, qui vaut, net, plus d'un milliard de dollars et qui négocie au nom de l'Autorité des transports métropolitains (MTA).

Puis, en tête de la campagne hargneuse de la presse à scandale contre les travailleurs des transports, on a Rupert Murdoch, propriétaire du New York Post et de Fox News. Sa fortune personnelle est estimée à près de huit milliards de dollars.

Ces individus empochent en un jour plus que le travailleur le mieux payé des transports le fait en un an.

Et ce sont ces gens qui exigent des travailleurs des transports publics, dont les salaires suffisent tout juste à couvrir les nécessités élémentaires de la vie à New York, une des villes les plus chères du monde, de sacrifier salaires, retraites et allocations pour que soit honoré le paiement des intérêts versés à de riches investisseurs, qui étoffent leurs fortunes en achetant les titres de la MTA qui rapportent bien.

L'administration Bloomberg et la MTA ont obtenu de la part des tribunaux de nombreux jugements contre les travailleurs des transports publics. En vertu de la Loi Taylor, loi anti-ouvrière de l'Etat de New York, chaque travailleur est menacé d'amendes se montant à deux jours de salaires pour un jour passé sur le piquet de grève. La municipalité a aussi convaincu un juge d'imposer des amendes d'un million de dollar par jour de grève à l'Union locale 100 de la TWU (Syndicat des travailleurs des transports) qui représente les travailleurs des bus et du métro.

La Ville de New York a aussi demandé que les grévistes soient frappés d'une amende individuelle de 25 000 dollars pour le premier jour de grève, amende doublée pour chaque jour supplémentaire de grève et qui atteindrait plus d'un million de dollars en moins d'une semaine et pousserait les travailleurs et leurs familles à la faillite en bien moins de temps que cela. La MTA a aussi menacé de licencier tout travailleur ayant déjà participé à la grève de 1980 et qui aurait rejoint ses collègues dans le débrayage actuel. Il y eut aussi des appels insistants à incarcérer le président de l'Union locale 100 du TWU, Roger Toussaint, ainsi que d'autres permanents et des militants de base du syndicat.

L'énorme importance internationale de la grève des transports publics new-yorkais est qu'elle a fracassé l'image d'« unité nationale » monolithique américaine, que le gouvernement et les médias proclament à tout moment. Il y a aux Etats-Unis une force sociale puissante capable de lutter et de résister à la politique réactionnaire et inhumaine de l'oligarchie dirigeante, politique imposée non seulement aux Etats-Unis mais aussi internationalement.

De ce point de vue, il est particulièrement important de faire remarquer la diversité nationale, religieuse et ethnique des new-yorkais engagés dans cette bataille. Les travailleurs qui forment les piquets de grève viennent des quatre coins du monde. La solidarité des travailleurs des transports publics en grève représente, en microcosme, l'unité naissante de la classe ouvrière internationale.

Ceci est la première grève des travailleurs des transports publics de New York en 25 ans. Le débrayage de onze jours de1980 avait presque forcé la municipalité et l'Etat de New York à jeter l'éponge, mais il fut trahi par la direction syndicale qui signa un accord et accepta l'imposition d'amendes énormes entraînant pour chaque travailleur la perte de près d'un mois de salaire.

La trahison de cette lutte a crée les conditions pour une vague d'assauts contre les grèves et les syndicats et une vague de licenciements qui fut lancée un an plus tard par l'administration de Reagan (le président Ronald Reagan) avec le licenciement de 11 000 aiguilleurs du ciel et qui se propagea à travers toute l'industrie de base.

Ces attaques signifièrent la quasi élimination de la classe ouvrière comme force sociale visible, pendant toute une période aux Etats-Unis, et créèrent les conditions pour l'accumulation de vastes richesses telles celles des Bloomberg, Kalikow et Murdoch. Les administrations successives, démocrates comme républicaines, à tous les niveaux, national d'état ou de la municipalité, président depuis au vaste transfert de richesses de la classe ouvrière vers les élites financières et les couches supérieures des classes moyennes privilégiées. Les salaires réels stagnent ou baissent depuis des décennies, pendant que les acquis sociaux sont systématiquement démantelés.

Dans la ville de New York, les riches et les grandes sociétés ont été, en grande partie, soulagés du fardeau du financement d'un système de transports en commun public dont leurs affaires dépendent, puisque c'est sur le dos des travailleurs et des passagers que le coût a été transféré. L'émission de titres, comme source principale de financement de capital, a fait du travail des salariés des bus et du métro une source de profit de plus liée à la spéculation financière.

La signification internationale immense de cette grève des transports en commun c'est qu'elle projette la classe ouvrière américaine sur le devant de la scène comme une force sociale puissante propulsée dans la lutte sous la poussée impitoyable des grandes sociétés et des entreprises publiques qui cherchent à accroître leurs bénéfices en réduisant les emplois, les pensions et les droits médicaux.

Les travailleurs sont en position de force. La MTA et l'establishment au pouvoir ne peuvent remplacer 34 000 travailleurs et faire fonctionner l'énorme système de transports urbains avec de la main d'oeuvre jaune, comme cela fut fait avec les aiguilleurs du ciel de PATCO. Ils ne peuvent pas sous-traiter les transports en commun ni les délocaliser dans un pays à bas salaires. En plus, le coût du débrayage pour les sociétés de la ville est évalué à des centaines de millions de dollars par jour. Les ultimatums et menaces frénétiques ne peuvent cacher la position de faiblesse de la municipalité et de l'état.

En même temps, la grève souligne l'énorme crise de perspectives et de direction politiques au sein de la classe ouvrière.

L'obstacle majeur à la victoire des salariés des transports en commun vient de leur propre direction syndicale. La TWU Internationale, syndicat dont l'Union locale 100 fait partie, a qualifié la grève d'illégale et de non autorisée. Le président du syndicat international, Michael O'Brien, intervint dans la réunion du conseil d'administration de l'Union locale 100 qui vota la grève. Il demanda à l'Union locale 100 d'accepter la proposition de la MTA et refusa d'autoriser la grève, ce qui prive les travailleurs des transports urbains de la ville du soutien logistique, juridique et financier payé par leurs propres cotisations. Lors des délibérations de la Cour, mardi, pour imposer des amendes à l'Union locale 100, les avocats de la TWU intervinrent pour préciser avec insistance que le syndicat ne portait aucune responsabilité pour la grève, car il s'y opposait.

Le site Internet de la TWU Internationale a affiché une déclaration qui appelle l'Union locale 100 à mettre fin à sa grève et à reprendre le travail. Des informations provenant de l'Union locale 100, entre temps, font savoir que la TWU menace de placer la section sous règlement judiciaire, démarche utilisée habituellement dans les cas de corruption avérée, où les dirigeants locaux sont remplacés par du personnel nommé par la TWU. Si elle entame cette procédure, la TWU donnera l'ordre aux travailleurs de quitter les piquets et ajoutera ses propres amendes à celles de la municipalité et de l'état à l'encontre de ceux qui refusent d'obtempérer.

On ne peut démontrer plus clairement la façon dont les syndicats officiels se sont transformés en instruments pour étouffer les luttes des travailleurs et pour faire obstacle à toute contestation du capitalisme américain. Ils ont intégré le Parti démocrate, défenseur sans faille de l'oligarchie financière, tout en encourageant des illusions infondées selon lesquelles ce parti est en quelque sorte « l'ami des travailleurs ».

La grève actuelle des transports urbains démontre encore une fois la nature frauduleuse de telles prétentions. Aucun dirigeant démocrate n'est monté au créneau pour défendre les salariés des bus et du métro contre les attaques brutales dont ils sont l'objet. La sénateur Hillary Clinton, par exemple, proclama sa « neutralité » dans cette bataille féroce, proposant ses services comme médiatrice, tout en déclarant son soutien à la Loi Taylor, arme principale utilisée pour forcer les travailleurs à se soumettre.

Plus clairement que tout autre événement de ces vingt dernières années, l'actuelle grève des travailleurs des transports urbains de la ville de New York confronte la classe ouvrière toute entière à la nécessité de développer une direction et une stratégie politiques nouvelles pour faire avancer sa lutte, basée sur un programme qui articule les intérêts et les besoins des travailleurs contre la chasse aux profits de l'élite financière.

Du fait que la grève des transports, comme toute lutte sociale sérieuse, oppose les travailleurs au système capitaliste tout entier, elle met à l'ordre du jour le besoin urgent de créer un mouvement politique de la classe ouvrière.

Pour que cette grève réussisse, les travailleurs des transports urbains doivent être guidés par une perspective qui rejette les prémisses sociales, économiques et politiques de l'oligarchie financière et de ses partis politiques. Les exigences incessantes de réductions du niveau de vie des travailleurs démontrent clairement que les intérêts de ces derniers sont incompatibles avec les exigences du système capitaliste.

Nous appelons tous les travailleurs et tous les jeunes qui sont en accord avec cette perspective à lire le World Socialist Web Site et à adhérer au Parti de l'égalité socialiste.
odessa
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   Posté le 24-12-2005 à 14:14:49   Voir le profil de odessa (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à odessa   

L'humanité, 23/12/05

« Même des policiers de New York nous soutiennent »

États-Unis . Frank Goldsmith, dirigeant du syndicat des transports Local 100 de New-York, évoque les raisons de la grève et les sympathies des salariés du secteur public.

Quelles sont les raisons qui ont poussé les salariés des transports en commun new-yorkais à choisir une forme de lutte assez exceptionnelle aux États-Unis ?

Frank Goldsmith. Cela n’est plus exceptionnel sur ce type d’enjeu. Il y a eu, comme chez Boeing, il y a quelques semaines, des grèves similaires contre la mise en cause des couvertures sociales. Et d’autres viendront. Les membres de notre syndicat sont littéralement excédés par la montée des attaques contre leur niveau de vie et leurs droits sociaux. La question des retraites constitue une sorte de summum sur une liste extrêmement longue, d’où l’état de ras-le-bol parmi les personnels de l’entreprise et le fort sentiment d’injustice et de dignité bafouée par le nouveau passage en force que tente la direction contre leurs protections sociales.

Vous évoquiez Boeing. Il y a eu aussi, plus récemment, General Motors. Ces attaques ne font-elles pas partie d’une offensive beaucoup plus large contre les protections sociales, souscrites par les grandes entreprises aux États-Unis dans des « contrats maison » passés avec les syndicats ?

Frank Goldsmith. Vous avez tout à fait raison. Les grandes entreprises et les administrations cherchent à réduire coûte que coûte leurs dépenses sociales. Cela figure sur l’agenda de Bush. Le gouverneur de l’État de New York, George E. Pataki, qui est un toutou local de Bush, a enclenché un forcing là-dessus. L’objectif, c’est de réduire le niveau des retraites offert par les entreprises du secteur public pour inciter les salariés à se couvrir en recourant à des assurances personnelles privées.

Quant à la ville et à l’État de New York, ce sont eux les principaux responsables des difficultés financières qui touchent aujourd’hui la MTA (Metropolitan Transportation Authority), l’entreprise publique des transports new-yorkais. Ils ont réduit en effet considérablement leurs financements et autres subventions. Les maires et les gouverneurs qui se sont suivis ont ainsi créé un déficit structurel permanent pour la MTA qui, pour faire face, a dû souscrire des lignes d’emprunts très coûteux. Wall Street en a profité mais la qualité du service et des aménagements urbains en ont souffert. Et maintenant que la facture du service de la dette est devenue si considérable, la direction de la MTA se tourne vers les salariés pour leur demander de la régler en acceptant des bas salaires, une plus mauvaise couverture santé et de plus mauvaises retraites.

Vous êtes confrontés à une très forte pression avec l’obligation de payer 1 million de dollars par jour de grève, et à une formidable campagne antigrève. Ces opérations, qui visent bien entendu à vous isoler, portent-elles dans l’opinion publique ?

Frank Goldsmith. Nous sommes confrontés à une vaste entreprise de dénigrement pour laquelle tout semble permis jusqu’à user d’allégations racistes, sachant qu’une majorité des adhérents de notre syndicat sont noirs ou d’origine immigrée latino-américaine. Mais ces attaques ne parviennent pas à entamer un vrai capital de sympathie chez bon nombre de New-Yorkais, en dépit de la gêne occasionnée. Un sondage réalisé pour le compte d’une grande chaîne de télévision vient de le confirmer en révélant que 50 % d’entre eux soutiennent notre droit à faire grève. De plus, nous avons été très heureux de constater que des dizaines de milliers de personnes qui travaillent dans le secteur public nous manifestent, eux, ouvertement leur soutien. C’est le cas des pompiers, des employés des hôpitaux et de tout le secteur public. Ils ont bien compris que, si nous perdions, ils seraient les prochains sur la liste, confrontés à une amputation de leurs systèmes de protection sociale. Et j’ai pu constater moi-même le comportement de nombreux membres de la police new-yorkaise qui n’ont pas hésité à venir nous saluer de façon très démonstrative sur notre piquet de grève de Brooklyn.

Entretien réalisé par Bruno Odent
odessa
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   Posté le 28-12-2005 à 11:34:24   Voir le profil de odessa (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à odessa   

New York: le syndicat des transports accepte le nouveau contrat
ATS, le 28 décembre 2005 à 09:21

NEW YORK - Le bureau exécutif du syndicat des salariés des transports en commun new-yorkais a accepté un nouveau contrat après la grève qui a paralysé la semaine dernière la plus peuplée des villes américaines. Il prévoit notamment des hausses de salaire.


La direction du Transport Workers Union Local 100 "a voté à une écrasante majorité l'approbation du contrat proposé", a déclaré son président Roger Toussaint. Le nouveau contrat, qui doit encore être ratifié par les 34 000 membres du syndicat, prévoit des augmentations de salaire de 3 %, 4 % et 3,5 % pour les trois prochaines années, a-t-il déclaré.

La rupture du dialogue sur les salaires, les retraites et les prestations sociales entre le TWU et la Metropolitan Transportation Authority (MTA) a été à l'origine du mouvement de grève de la semaine dernière qui, mené au plus fort des fêtes de fin d'année, a coûté à l'économie plus d'un milliard de dollars, selon des responsables municipaux.

Le maire de New York, Michael Bloomberg, a salué l'accord.
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