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 France : grève des médecin étrangers

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odessa
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   Posté le 24-12-2005 à 12:43:16   Voir le profil de odessa (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à odessa   

Hôpital : la révolte des galériens

Santé . Les praticiens à diplôme hors Union européenne revendiquent la validation de leurs compétences et de leur expérience. Ils seront en grève ce week-end.

À partir d’aujourd’hui, et pour tout le week-end de Noël, les 6 000 praticiens à diplôme hors Union européenne (PADHUE) sont appelés à la grève par trois de leurs organisations, réunies en intersyndicale nationale. Pas d’illusion sur l’impact du mouvement : ils seront sur le pont, contraints et forcés. « Sans nous, et surtout en période de fêtes, l’hôpital ne tient pas. Nous savons déjà que les grévistes seront systématiquement assignés par leur direction », affirme Madjid Si Hocine, président du SMPLUS, praticien au centre hospitalier de Saint-Cloud (Hauts-de-Seine), de garde le 24 décembre.

Les PADHUE (médecins, mais aussi pharmaciens, sages-femmes, etc.), embauchés à tour de bras pour pallier la pénurie liée à la baisse du quota de médecins formés, réclament « un projet d’intégration cohérent et digne » dans le système de santé français. « Nous travaillons parfois depuis quinze ans dans les établissements hospitaliers, mais, paradoxalement, administrativement parlant, nous n’avons toujours pas l’autorisation d’exercer », dénonce l’un d’eux, venu en France pour faire sa spécialité. Leurs diplômes, même quand ils ont été obtenus ici, ne sont pas recevables : les PADHUE n’ont pas le droit de s’inscrire auprès de leur ordre, ils ne peuvent donc pas intégrer le circuit hospitalier, sans parler d’exercer en libéral. Officiellement, cette entrave doit empêcher de priver les pays d’origine de leurs compétences. Mais les hôpitaux français ont besoin d’eux et continuent à les employer. Conséquence de cette situation ubuesque : les PADHUE, qui, à force, ont fait leur vie en France et ont été naturalisés, sont condamnés à la précarité que leur impose l’hôpital. Praticiens attachés, praticiens contractuels ou encore « faisant fonction d’interne » (FFI), voire rétrogradés comme infirmiers ou aides-soignants, ils dépendent perpétuellement du renouvellement de leurs contrats. À parfois quarante ans, leur carrière n’a pas démarré. Moins bien payés que leurs collègues, ils enchaînent les gardes pour améliorer le quotidien. Ils se sentent cruellement discriminés : devenus pour la plupart français, ils notent avec amertume que les médecins des nouveaux pays de lvoient, eux, leurs diplômes mécaniquement reconnus.

Pour le ministre de la Santé, l’affaire est classée. Il estime avoir fait le nécessaire en mettant en place une « nouvelle procédure d’autorisation » : un concours que peut passer tout médecin étranger permet désormais d’intégrer le système. 200 postes étaient ouverts en mars 2005, 600 le seront en 2006. Très insuffisant. « À ce rythme, le stock des PADHUE ne sera pas épuisé avant longtemps, d’autant que le concours n’est pas réservé aux personnes en poste », ironise Madjid Si Hocine. Sur le fond, le cynisme du geste laisse les praticiens amers. « Après 13 années d’études et d’expérience, de pratique autonome avec pour seul supérieur mon chef de service, me voilà réduit à passer un concours pour prouver que je suis bien le médecin que je suis au quotidien, et que je parle correctement le français », constate, écoeuré, un gynécologue obstétricien. Il y a quelques jours, avec un anesthésiste également diplômé hors UE, il a sauvé une jeune accouchée d’une hémorragie. « Et nous n’aurions pas le droit d’exercer la médecine ? ! » s’étrangle-t-il. « Nous avons fait nos preuves, nous avons été sans cesse réembauchés », rappelle-t-il. « À l’hôpital, quand on n’est pas compétent, on est viré, confirme Elisabeth Sow Dione, présidente de l’AMFDEC. Si on reste, c’est qu’on fait l’affaire. »

En désaccord avec le principe du concours, les syndicats demandent la reconnaissance de l’expérience et des compétences. Ils soulignent l’urgence absolue à trouver une solution pour les 1 500 médecins qui ont plus de cinq ans au compteur. En septembre dernier, le ministère de la Santé semblait réceptif : il faisait miroiter, en échange d’un engagement de cinq ans à l’hôpital, « un plein exercice » en installant avant fin 2005 une commission d’évaluation des connaissances pour les titulaires d’un diplôme interuniversitaire de spécialité (DIS) ou du certificat de synthèse clinique et thérapeutique (CSCT). Les PADHUE, souvent dans l’un ou l’autre de ces deux cas, n’ont rien vu venir. Ils revendiquent désormais l’application de la loi sur la validation des acquis de l’expérience (VAE). Mercredi après-midi, ils ont été reçus par une conseillère d’Azouz Begag, ministre délégué à la Promotion de l’égalité des chances, qui a accepté d’être leur relais auprès du gouvernement.

Anne-Sophie Stamane
L'Humanité, 23/12/05
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